Le souvenir de Bourguiba déclenche dans mon esprit un tsunami d’images, Bourguiba partageait notre quotidien : On l’entendait brailler à la télé, on voyait son petit corps malade agité par toute sorte de mouvements anormaux parcourir, comme par miracle, des kilomètres et flotter dans la méditerranée entouré par ses vizirs. Bourguiba était là tout le temps : ses grosses lunettes, sa canne, sa main qu’il passait dans un geste inimitable sur le visage de ces interlocuteurs du président Reagan au délégué de cité ezzouhour, tous le monde y avait droit et quand on appartenait au sexe faible on avait en prime le baiser baveux.
Bourguiba c’était aussi la petite voix chevrotante qui annonçait, au grand bonheur des tunisiens panivores, que le prix de la « makkarouna » ne connaitrait plus de flambée, c’était aussi le discours annonçant quelques jours avant sa destitution que son "départ n’est pas pour demain."
Bourguiba dans les yeux de l’enfant que j’étais portait à merveille tous les clichés que j’entendais à son sujet.
Bourguiba le tyran: je ne connaissais pas ce que je lui reprochait c’était d’avoir construit beaucoup trop d’école et de nous imposer un programme scolaire qui comme le répétait la presse de Tunisie « devançait celui des pays les plus développés ».
Je l’ai retrouvé quand j’avais 29 ans, j’avais grandi et il avait rapetissé, il tenait dans une boîte en bois minuscule, faite sur mesure sans doute, recouvert du drapeau rouge. Alors que mon père avait cérémonieusement levé les mains au ciel pour la fatiha dans mon esprit s’infiltra le refrain
حبيبناَ بورقيبة ربي يصونو خمسين ميترو لستيك في كلصونو
Je me rappelle très bien de ce refrain aussi...
RépondreSupprimerDécidément, c'est le trio de l'anti-mythologie ici! Vivement le troisième volet de cette trilogie!
allez troisème volet : maniestes toi
RépondreSupprimerيا بورقيبة عيطة عيطة, انت البغل و تونس الكريطة
RépondreSupprimerTrès joli post, bien ciselé avec de l'humour et de l'affection. Il est effectivement utile de rappeler l'ère bourguibienne car l'air nouvelle avec ses climatiseurs finit par nous coller un mal de gorge terrible. Manifestement je suis plus âgé que vous car j'ai, en plus, une autre vision de Bourguiba. Celui qui est allé à l'improviste et en improvisant donner quelques claques à Kaddafi au Palmarium. En plus, depuis l'indépendance et jusqu'à environ 1973, soufflait sur la Tunisie et son peuple un air plein d'espérance et de confiance, entretenu par Bourguiba malgré son egocentrisme et ses multiples erreurs (Ben Salah). Plus tard, jusqu'à maintenant, quand je dis que je suis tunisien auprès d'une assemblée étrangère il y a toujours quelqu'un pour me dire "ah! vous êtes tunisien ? Bourguiba était un grand homme". Cela réchauffe le coeur et redonne de la fierté d'être tunisien. Merci encore pour cet écrit.
RépondreSupprimerBien à vous.
MALI