mercredi 9 décembre 2009

le Domaine sans nom


Pourquoi ce billet ?

La vie est un fleuve, un ruisseau, un cours d'eau pas tranquille, une mare, un étang ou une mer houleuse...

L'abondance de ces images aquatiques me convient: imprévisibilité, inconstance, hasard, mais routine, platitude parfois, ondulation rythmée ou vaguelettes désespérées...

D'autres images plus savantes et se référant à un structuralisme ennuyeuex rappelleront des cycles, des cercles , des courbes, des figures dynamiques, des ellipses stériles, des diagrammes froids ou des algorithmes vertigineux...

La logique voudrait qu'on évolue par étapes, qu'on franchisse des seuils, qu'on descende des écluses, qu'on passe des barrages, qu'on mature par décennies, qu'on mûrisse par septennat, qu'on meure à feu doux...

C'est de la langue de bois...c'est de la technique bla-bla-bla-tique...c'est du périmé toujours vendable...et si t'en veux et je t'en délivre par paquets...

La réalité est tout autre, c'est du chaos, c'est de l'insaisissable, c'est de l'abstrait, c'est teutonique et ça te nique dans ta solitude niée mais bien...réelle...

La solitude a un droit sur nous...un droit quasi-divin...un droit de vie et de mort...la solitude condamne et exécute sa sentence d'une compassion démesurée...elle te condamne tout simplement à la solitude...

La solitude est partout présente: un samedi après-midi à t'illusionner par des amitiés virtuelles devant un écran d'ordinateur...un vendredi soir lorsque tu titubes d'ivresse dans les toilettes d'un bar...un dimanche matin lorsque tu noues les fils de tes espadrilles pour un jogging ennuyeux...

Dans cette solitude, très facile à vivre en fin de compte, juste accepter la sentence est un bon compromis avec la solitude, quelques moments brefs mais intenses viennent d'une manière aléatoire ponctuer ta vie...

Il s'agit de rêves, plutôt d'un rêve qui m'accompagne depuis que j'ai connu la solitude..il s'agit d'un rêve indescriptible, un rêve plutôt agréable, hédonique et calme..

Ce rêve survient peut être une fois par an, il peut disparaitre pour des années pour s'inviter soudain une nuit...

En quoi consiste-il ? c'est insaisissable, c'est inénarrable, c'est un assemblage onirique de visions et sensations...

Seul lien avec la réalité, il se passe dans le même endroit, c'est un chemin, c'est un lieu, c'est une petite route...

J'ai essayé en vain de retrouver ce chemin, j'ai passé des heures à pied et en voiture à le chercher...ce n'est pas loin du village de mes grand-parents mais ce n'est nulle part à la fois... il y a des oliviers, un petit passage, une petite route bordée d'arbres, un domaine et puis le rêve part mourir dans les méandres de ma mémoire...

Encore un effort, c'est plus clair, mais il n'y a plus d'entrée, plus de petite route, plus de passage, plus rien...

c'est dur la solitude...mais avec ce rêve. je l'oublie, je ne me sens plus seul, un retour à l'origine pré-solitude, un vestige de l'ère sans solitude...un temps perdu...

J'ai une grande envie de relire "le grand Meaulnes"...mais j'ai peur... j'ai peur de me retrouver seul avec ce livre...alors j'écris ce billet...

4 commentaires:

  1. "Dans tes yeux je vois des chemins qui me ramènent à l'enfance et des lacs qui ressemblent à des miroirs sur lesquels je peux marcher sans me mouiller ...
    Heureuse, je le suis rien que parce qu'on est mouvement dans la même voie lactée. Parce qu'un jour je suis passée par ton orbite sans me heurter contre ta planète, ni me bruler... Et il me suffit de t'avoir connu et aimé.."

    Ce billet me rappelle étrangement un post que j'ai publié il y a peu de temps.
    http://g-deja-fait.blogspot.com/2009/10/ma-part-de-toi.html
    Bien que ce dernier paraisse plus joyeux, les deux textes émanent, quelques part, de la même douce tristesse persistante, interrompue, de temps en temps, par le passage d'un éclair -une rencontre plus ou moins imaginaire, des sentiments plus ou moins illusoires- qui laisse à chaque fois, dans un coin de la mémoire, un merveilleux souvenir qui n'a rien à envier à ceux de "la vie réelle".

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  2. Très beau! J'ai lu le "grand meaulnes" en scolaire mais je ne m'en rapelle absolument pas. les images me rappellent plutôt les scènes intermittentes du film Gladiator lorsque on voit le général maximus parcourant un champ de blé et s'approchant de plus en plus d'une porte, d'une demeure qui semble connue et familière.

    Moi, je ne rêve pas pour retourner à l'origine pré-solitude, au vestige de l'ère sans solitude, mais j'entends une musique où je n'étais moi même qu'une note...

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  3. « La réalité est tout autre, c'est du chaos », le chaos est constructif, on trouve dans le chaotique de l’ordre, un ordre inopiné, inattendu, salvateur…
    Il y a de l’ordre dans le désordre ; je te conseille « la théorie du chaos » de James GLEICK : un livre saisissant, impressionnant, un livre qui m’a personnellement transfiguré…
    Sinon, la solitude n’est pas une fatalité, elle est plutôt choisie, c’est un trait de caractère, on peut être entouré mais seul, parce qu’on pense trop, qu’on est différent, parce qu’on a peur de l’autre, parce qu’on a peur de s’attacher, parce qu’on est fragile…
    C’est à toi de choisir la compagnie qui te convient, celle qui te comble sans pour autant t’accabler, celle qui te touche sans te blesser…
    Et ce n’est pas évident…
    Les grands solitaires sont tous de grands sensibles.

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Allo !